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Hiya Wa Houa Siyane هي وهو سـيّان
8 juillet 2013

Et à 60 ans Meriem et Oumrada eurent leur licence ès-lettres

 

ABAKARIM"Au départ, elles ne comprenaient rien à l’informatique et ne pigeaient pas un mot d’anglais. Elles ont fait des cours accélérés et les résultats n’ont pas tardé à être au rendez-vous", se félicite Rachida Abakrim, présidente de l’Association Hiya wa Houa Siyane.

 Au fait, d’où tiennent-elles toute cette avidité de savoir ? "Elles sont nées dans une illustre famille de savants et de lettrés des Aït Bâamrane. Leur père Moulay El Hanafi fut un alem reconnu et un poète de haut vol en langue amazighe. Leur mère Rabiâa Dghirni, toujours en vie, dévore passionnément les histoires pour enfants et retient des détails très peu connus de l’histoire de la résistance et de l’armée de libération dans le sud", témoigne Abdallah Hamzaoui, un proche de la famille.

 M. Hamzaoui, un quinquagénaire fraîchement diplômé lui aussi et un camarde de classe des deux lauréates, rappelle comment durant tout leur parcours universitaire elles étaient studieuses et appliquées, constamment occupées à prendre des notes et à suivre les conférences, tant et si bien que Oumrada a été désignée "responsable de promotion".

 Mieux, à l’instar d’une zaouia, les foyers de Meriem et d’Oumrada, mariées respectivement à un magistrat à la retraite et à un homme d’affaires de Tiznit, sont restés ouverts à tous les étudiants dans le besoin (photocopies, livres, gîtes...).

 Oumrada, émue aux larmes, se rappelle comment elle fut approchée une fois par un jeune venu lui témoigner spontanément une rare marque de sympathie : "Nombre d’étudiants découragés songeaient à quitter la fac ; en vous voyant toutes les deux là ils ont changé d’avis".

 Simples et affables, sans la moindre touche de maquillage ou apparat ostentatoire, les deux sœurs racontent comment la scolarisation a profondément changé leur regard au monde et aux hommes, au point d’être en rupture de ban avec leurs vieilles connaissances dont "certaines nous prenaient pour des folles".

 Et ce n’est pas tout. Après l’obtention de leur bac en 2010, les deux sœurs, désormais mordues de recherches et de lecture, ont décidé de mettre en place une association baptisée "Apprenons pour être utile" dédiée à accompagner leurs semblables à travers des formations diplomantes et des programmes d’alphabétisation.

 Un engagement fort saisissant qui fit dire au président de l’Université Ibn Zohr d’Agadir Omar Halli, qui a rendu visite aux deux lauréates, combien le parcours atypique de ces dames mérite de servir d’enseignement à plusieurs égards.

 M. Halli a assuré à la MAP que "l’Université prendra en charge la publication du projet de fin d’étude de Meriem et d’Oumrada en raison de son intérêt certain pour le secteur de l’éducation en général et de la lutte contre l’analphabétisme en particulier".

 

MH---BR.

Source: MAP

 

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